C'est un chantier titanesque qui attend la cathédrale de Clermont-Ferrand. Pendant six ans, elle sera au coeur d'un vaste chantier de restauration afin de lui redonner un coup de neuf nécessaire. A partir de septembre-octobre 2023, des travaux vont démarrer sur les couvertures de la cathédrale, qui sont actuellement trop poreuses. il s'agit d'une usure normale puisque la couverture n'a pas eu de travaux d'ampleur depuis 120 ans. "Elle arrive en fin de vie", selon Rémi Fromont, architecte en chef des monuments historiques.
Pour lui, qui travaille également sur la cathédrale Notre-Dame de Paris, ou sur la cathédrale Saint-Pierre de Saint-Flour dans le Cantal, "c'est la conclusion de 5 ans d'études sur la cathédrale, avec une étude d'évaluation pour comprendre l'état général de l'édifice et déterminer les priorités". Et parmi elles reviennent ces problèmes d'étanchéité qui ont nécessité des mesures conservatoires comme la pose de filets en 2019, visibles depuis la nef. Les murs et plafonds sont aujourd'hui en proie à des taches d'humidité dûes aux infiltrations d'eau. Le projet de restauration permettra justement aux couvertures de retrouver leur rôle de mise hors d'eau de la cathédrale, c'est à dire protéger l'édifice face au manque d'étanchéité.
Ce chantier principal, qui sera mené jusqu'en 2028, sera le cap à tenir, malgré les autres aléas que peut connaitre le monument. Ce qui fut le cas plusieurs fois en 2022. "L orage du 26 juin à été particulièrement violent." nous décrit Régis Delubac, architecte des bâtiments de France. "La foudre a impacté les réseaux électriques et précisément l'automate en charge du contrôle des lumières. Son programme informatique a ete effacé. Nous avons ainsi du fermer au public la cathédrale qui était plongée dans le noir." Mais ce n'est pas le seul incident qu'a connu l'édifice : une baie médiévale a été fragilisée à cause des rafales de vent du 17 novembre 2022, nécessitant ainsi sa restauration d'urgence. Les travaux sur la baie se déroulent jusqu'à cet été.
En tout cas, pour ce chantier long de six années, la cathédrale peut profiter d'un matelas financier confortable pour se refaire une beauté. D'après Jacques Porte, directeur régional adjoint des affaires culturelles, "c'est la cathédrale la mieux dotée en France par le plan de relance". En effet, l'Etat a mis en place sur l'année 2022-2023 un plan Cathédrale à destination des édifices régionaux, doté de 80 millions d'euros, qui vise à accélérer et renforcer les programmes de restauration. De cette enveloppe, le batiment clermontois bénéficie d'un montant de 21.5 millions d'euros. "Il s'agit de la deuxième cathédrale de France ou l'Etat investit autant" aime à rappeler le préfet du Puy-de-Dôme Philippe Chopin.
S'il est "un soutien puissant à toute la filière du patrimoine", ce plan cathédrale est surtout une aubaine pour Clermont-Ferrand, qui entreprend ce grand chantier avant de devenir potentiellement capitale européenne de la culture en 2028. Olivier Bianchi, maire de Clermont, dresse l'historique : "Nous avons entrepris un très grand nombre de travaux à l'église Notre-Dame du Port, plus récemment à l'église des Minimes. C'est important, dans la perspective que de nombreux Européens viennent visiter notre ville dans quelques années". Et de compléter : "Quelque soit la conviction religieuse des Clermontois, la cathédrale leur appartient."
Les travaux débuteront après l'appel d'offres et l'installation de chantier. Des entreprises locales , qui ont une technique perfectionnée, pourraient participer à l'appel d'offres. Les responsables du projet assurent que des fermetures ponctuelles pourront survenir mais aucune fermeture à long terme de la cathédrale n'est prévue, afin que Clermontois et touristes continuent de venir à la rencontre de cette "Vieille Dame qui a besoin d'un coup de vitamine".
