C'était l'effervescence le vendredi 3 mars dans les bureaux, rue Blatin à Clermont-Ferrand. La ville a été retenue parmi les finalistes pour devenir capitale européenne de la culture en 2028. Elle est sélectionnée aux côtés de Montpellier, Rouen et Bourges qui présentent également des candidatures sérieuses. Mais à Clermont, on croit en ses chances. Le grand gagnant sera désigné à la fin de l'année 2023. Cela laisse huti mois pour peaufiner le dossier et réunir le maximum de forces vives autour de Clermont-Ferrand-massif Central. Est-ce que la Terre du Milieu va convaincre définitivement les jurés ? Le chemin est encore long avant d'arriver au verdict.
Et c'est un vrai pari pour Matthieu Blondeau. Déjà engagé sur le projet depuis deux ans, en charge des relations avec les institutions européennes, il est devenu cette semaine le nouveau responsable de la communication pour la candidature de Clermont capitale européenne de la culture 2028, remplaçant ainsi Benjamin Simon, en partance pour le musée de la Chasse et de la Nature à Paris. Matthieu Blondeau est déterminé, positif mais garde un certain recul. Tant que ce n'est pas gagné, il faut avancer avec humilité, comme le révèle notre interview.
RVA : Quand vous avez appris que Clermont accédait à la finale pour devenir capitale européenne de la culture 2028, comment avez-vous réagi ?
Matthieu Blondeau : J'ai pleuré ! Moi, je suis du Limousin, une région rurale en perte de vitesse et j'aimerais qu'on retrouve une dynamique pour toutes ces régions. Et je trouve intéressant que la candidature de Clermont soit prise au sérieux. On a tendance à croire que le train passe toujours à côté de chez nous. Et bien, pour une fois, il passe chez nous ! J'ai quatre enfants, j'habite Paris, et on s'est contorsionnés pour venir ici parce qu'on y croyait. J'ai cru en ce projet clermontois, je n'aurai pas pu travailler pour une autre ville.
Malgré votre optimisme, ce second tour incite-t-il quand même à la prudence ?
Bien sûr ! Les villes en face de nous ont aussi des projets, une légitimité, et portent comme nous leur population. Ils ont besoin comme nous de cette capitale européenne de la culture. Je suis très respectueux de tout ça, mais maintenant, nous sommes dans le concours. Le plus beau projet gagnera et notre obligation, c'est d'arriver avec le meilleur projet.
Est-ce qu'il y a une ville adverse qui a de sérieuses chances, selon vous ?
Ce n'est pas à moi d'évaluer les chances. Montpellier a une histoire, un aspect intéressant. Rouen me parle parce que je retrouve dans la Normandie mon Limousin natal. Et Bourges, c'est un très joli signal, une ville d'histoire, à taille humaine. Chaque candidature est éminemment respectable, on espère gagner certes mais pour la ville qui gagnera, ce sera un bel événement.
En quoi votre expertise des affaires européennes va t-elle servir pour ce nouveau poste de chargé de communication ?
Pour plusieurs raisons. Déjà, je crois que je connais bien la communication que j'ai pratiqué plusieurs années au Parlement Européen. Ca va servir la candidature car pour devenir capitale européenne de la culture, il y a une composante de programmation culturelle et d'autres composantes qui sont des priorités : le pacte vert, la citoyenneté européenne et la transition digitale. Tout ça, il faut qu'on l'ait en tête, et on doit se demander comment notre programmation culturelle sert à ces différents axes. Connaissant également les financements européens, j'ai en tête ces figures imposées essentielles aux citoyens.
Justement, les financements sont-ils un sujet majeur à huit mois du dépot du dossier ?
Une capitale réussie est une capitale où on va mobiliser des financements européens pour la structuration et le développement du territoire. Il faut les bons financements pour les bons projets. Et notre projet a tendance à rassembler les forces. Nous devons rentrer dans cette mécanique qui, quoi qu'il arrive, sera positive.
L'autre enjeu des prochains mois, c'est d'inclure les citoyens, les habitants du territoire. Un gros défi ?
C'est de recréer un sentiment de collectif, un sentiment d'appartenance. Et c'est très difficile car notre monde contemporain ne nous incite pas à cela. Il faut recréer la place de village, le bal populaire d'autrefois, la communauté où les gens se voient, se sentent et je trouve que là-dessus, nous sommes une région qui a beaucoup à offrir. On le porte en nous.
Huit mois avant de savoir qui décrochera le précieux sésame... Le marathon est lancé ?
Mais ce marathon est lancé depuis très longtemps ! Maintenant, c'est un 400 mètres. Dans la dernière ligne droite, il faut avoir de l'endurance tout en sachant courir vite !