Elle semble bien loin, l'époque des taux d'intérêt à 1%. Le secteur de l'immobilier est en crise et elle n'est pas prête de se résorber. La FNAIM Auvergne a présenté son bilan semestriel ce mercredi 21 juin, qui a tout de l'anticipation d'un scenario catastrophe. Pour commencer, les ventes sont en baisse, une tendace remarquée sur les 18 derniers mois. En France, les prévisions tablent sur 950.000 ventes, faisant de l'année 2023 la 2e plus forte baisse annuelle des ventes depuis 1990, avec -15%. Autre inquiétude, concernant les prix. Eux aussi sont en baisse généralisée depuis février 2023, quelle que soit la zone géographique. Seules les stations de ski et les villes balnéaires s'en tirent le mieux. Christian Dosmas, président de la FNAIM Auvergne, résume la situation : "Depuis trois-quatre mois, le marché s'est tendu, avec une baisse du nombre de transactions qui s'est accélérée. En termes de prix, il y a aussi un tassement et à moyen terme une incidence qui va être significative. L'augmentation des taux d'intérêt, qui ont triplé en un an, est leu principal facteur d'explication." En juin 2023, le taux d'intérêt des crédits immobiliers a grimpé à 3,50%, un chiffre explosif pour les ménages cumulé à l'inflation. Forcément, dans le même temps, les capacités d'emprunt sont quant à elles en chute de 20% depuis janvier 2022.
Qu'en est-il de notre région alors ? "En Auvergne, on est sur un marché de pères de famille, à l'abri des grosses fluctuations, quelles soient à la hausse ou à la baisse. On est sur un marché dynamique et relativement sain." estime Christian Dosmas, qui reste prudent. En effet, la région subit tout de même de plein fouet la crise immobilière nationale. Dans la région, tous les départements connaissent des diminutions de ventes de logements, à l'exception de l'Isère... et du Puy-de-Dôme, qui profite de la dynamique positive de Clermont-Ferrand, "dernier village gaulois" à résister selon Ivan Tartière, vice-président FNAIM Auvergne. Derrière, Vichy, Montluçon, Aurillac et Chamalières complètent le top 5 des villes où il y a le plus de ventes.
Excepté Clermont, les prix baissent également partout dans la région, avec des niveaux très bas comme dans le Cantal où le mètre carré est à 1257 euros ou l'Allier et ses 1183 euros/m2. En Auvergne, les communes de Chamalières, Aubière, Clermont, et Châtel-Guyon présentent à l'inverse les prix les pus hauts, au-dessus des 2300 euros/m2. Pour comprendre les disparités, il faut aussi regarder du côté des normes environnementales. Les logements présentant des DPE (diagnostic de performance énergétique) F ou G seront sanctionnés à court terme, et forcément ça pose souci. "Dans le Cantal, un logement sur deux est dit "passoire thermique". Sauf que beaucoup de propriétaires n'auront pas les moyens de faire des travaux. Et ça se traduit dans les prix. On a eu des offres inférieures et on les a vendus comme ça." explique Christian Dosmas.
Selon lui, c'est toute une filière qui se retrouve en danger aujourd'hui. "Les mesures gouvernementales ont été prises contre l'immobilier, nous semble-t-il. On ne comprend pas. C'est un marché qui génère près de 50 milliards d'euros de bénéfices à l'Etat, pour les finances publiques, et là tout le secteur, agents immobiliers, propriétaires, promoteurs... est très inquiet." Il met notamment le doigt sur la situation des primo-accédants, pourtant un public-cible des agences immobilières ou des mandataires, mais qui semblent bien éloignés de ce marché actuellement. "Les primo-accédants ont disparu du marché. Les taux d'intérêt sont en hausse, les permis de construire sont beaucoup moins délivrés... On oublie ce public-là. Je crois que nous avons sous les pieds une bombe qui pourrait bien exploser."
La bulle immobilière va t-elle éclater, à moins qu'il ne soit trop tard ? Réponse dans six mois pour le bilan de l'année 2023 qui s'annonce déjà bien morose pour le monde de l'immobilier.