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Festival Europavox : l'Europe chevillée au corps, une vision culturelle et politique

Festival Europavox : l'Europe chevillée au corps, une vision culturelle et politique
Concert d'Orelsan à Europavox 2023, à Clemront-Ferrand / RVA

La 17e édition du festival Europavox à Clermont-Ferrand s'est refermée sur une fréquentation historique, avec plus de 45.000 visiteurs. Mais surtout, c'est une édition charnière sur le plan de la culture européenne. Décisif à six mois de l'attribution de la capitale européenne de la culture 2028, à laquelle Clermont-Ferrand concourt.

C'est certain que "Voix européennes" est un nom de festival légèrement moins accrocheur que "Europavox". Et pourtant, c'est bien le nerf de la guerre qui anime les équipes du festival toute l'année. Alors que les spectateurs sont venus en masse - 45.000 cette année, un record ! - applaudir les plus célèbres artistes de la chanson française comme Orelsan, Louise Attaque, Pomme ou Matthieu Chedid, ils étaient également nombreux à venir découvrir les talents qui se produisaient sur la scène Factory ou au Club. Ces deux scènes annexes ont l'ambition de révéler des artistes européens, qui sont reconnus dans leur pays ou alors en pleine émergence, et ce, quelque soit le style musicalEt ça fait la renommée d'Europavox.

Gonçalo Castro, journaliste portugais spécialisé dans la musique à la radio et télévision publiques au Portugal, anime un show consacré à la musique européenne.Ce "fan" d'Europavox vient à Clermont-Ferrand depuis près de 15 ans et collabore à la découverte d'artistes. Il en est convaincu :  c'est un événement incontournable. "Si tu me demandes les trois premiers fesitivals en Europe, je te dirais qu'Europavox est dans le top 3. Ce n'est pas un festival où tu viens pour écouter de la musique très connue d'Amérique ou d'Angleterre. C'est un endroit où des artistes peuvent démarrer leur carrière européenne, ou bien se réveler au public français alors qu'ils sont très connus chez eux.J'ai parlé à beaucoup d'artistes qui m'ont dit : "C'était trop bon, c'était un jour très spécial !" "

Que ce soit Free Finga, rappeur star en Lituanie, les jazzmen danois de Svaneborg Kardyb, ou la Norvégienne Skaar spécialiste de l'électro, ils sont tous passés à Europavox cette année. Les genres et les nationalités se mélangent, comme le confirme le directeur du festival François Missonnier : "Une jeune artiste suisse Anna Erhard a joué devant énormément de gens enthousiastes et curieux. C'est ça l'ADN d'Europavox, des têtes d'affiches prestigieuses mais surtout une scène européenne incroyable qu'il faut découvrir." Et pourtant, ce n'est pas gagné d'avance, car certains avancent sur scène comme de véritables inconnus dans l'Hexagone."On va aller chercher des artistes très connus chez eux, et de les présenter en France devant des gens qui ne les connaissent pas", nous explique François Audigier, coordinateur du projet artistique européen pour Europavox. "On a réussi à éduquer les gens à être curieux, et à les accueillir de façon incroyable".

A Clermont-Ferrand, le public est devenu un fin connaisseur de la scène européenne, ou en tout cas reconverti spécialiste de la trouvaille. "Ici, il y a une idée de découvrir." précise Gonçalo Castro. "Quand Pierre de Maere, artiste connu actuellement en France, a fini de jouer sur la grande scène, tout le monde est parti voir un artiste novégien ou portugais sur une petite scène, c'est incroyable !"  Et François Missonnier d'abonder : "A chaque fois, les artistes qu'on programme nous disent : "Mais c'est quoi ce public ?". Il est bienveillant, a écouté les titres avant et chante pendant les concerts. Je suis le fan numéro 1 du public clermontois !"

Forcément, parler d'Europe cette année à Clermont-Ferrand, c'est doublement politique. Déjà parce que le festival a pris le parti de faire venir des artistes ukrainiens, avec le groupe bien-nommé Love'n'Joy. Un choix logique selon François Audigier : "C'est évident que ça faisait partie des priorités. Aujourd'hui, que les artistes aillent jouer à l'étranger, c'est une manière de porter la bonne parole de ce qui se passe en Ukraine. Et pour nous, forcément, c'est politique". Gonçalo Castro résume peut-être le mieux, les bienfaits de la musique et de la culture : "Le langage de la musique est universelle en vérité. Tu peux tout mélanger parce que les musiciens peuvent se comprendre."

La culture justement, c'est le mot au coeur de cette 17e édition d'Europavox.Tous les ans, une douzaine de journalistes européens viennent sur Europavox. Ils contribuent au site à europavox.com, un site-media consacré à la révélation d'artistes européens de musiques actuelles. Et cette année, le festival a décidé de leur présenter très précisément la démarche de Clermont-Ferrand pour devenir capitale européenne de la Culture en 2028. Une démarche essentielle pour François Missonnier : "Puisqu'on est très impliqués dans la candidature, il est important pour nous de marquer l'ambition du territoire. Il sont des ambassadeurs qui en témoignent dans leurs medias, dans leurs pays et auprès de leurs artistes." Clermont-Ferrand est en lice face à Montpellier et Bourges, la réponse sera dévoilée à la fin de l'année 2023.

Dans un français parfait, Gonçalo Castro nous a révélé qu'il aime particulièrement Orelsan et son "rap bien fait", ainsi que Matthieu Chedid, "reconnu dans le milieu de la musique même en Europe". Il nous a aussi confié que pour l'instant, ce genre de festival hybride n'existe pas encore au Portugal. Mais Gonçalo Castro aimerait bien importer le concept d'Europavox dans son pays. Alors Clermont-Ferrand, inspirant ? Voici un mot qui pourrait peser dans la balance pour prétendre à être capitale européenne de la Culture.