Il était un touche-à-tout, un penseur, un curieux, mais surtout un homme bien mystérieux. Cette année, la ville de Clermont-Ferrand célèbre les 400 ans de la naissance de Blaise Pascal, illustre scientifique, homme politique et philosophe. Et même si son héritage est grand, essentiel dirons-nous, dans le paysage culturel et scientifique français, tout n'a pas encore été dit, ou découvert, sur Blaise Pascal. Alors, face à ses travaux gargantuesques, comment construire une exposition digne de ce nom ? Le musée d'Art Roger-Quilliot (MARQ) présente du 15 juin au 15 octobre "Les Mystères de Pascal", qui essaie de balayer les grands moments de sa vie et de son oeuvre, superposés au contexte historique. Pour Cécile Dupré, directrice des musées et du patrimoine au sein de Clermont Auvergne Métropole, il ne faut pas douter : "C'est une oeuvre complexe, dont il ne faut pas avoir peur. On a été vigilantes à faire l'exposition la plus accessible possible" Avec Justine Bouju, chargée scientifique des collections au MARQ, Cécile Dupré a essayé de batir une exposition qui décrit l'homme sous toutes ses facettes : "Il ne fallait pas prendre le sujet par le petit bout de la lorgnette. On aborde tous les aspects : familial, mathématique, scientifique, physique, théologique. On découvre comment Blaise Pascal était devenu une figure nationale et une figure d'importance dans l'histoire des arts."
Clermont-Ferrand est une des deux places en France de conservation des fonds pascaliens. Ils sont gardés à la bibliothèque du Patrimoine, au musée d'Art Roger-Quilliot et au muséum Henri-Lecoq. Logique donc de présenter une exposition en son honneur, découpée en six sections. Elle revient sur la création de la pascaline, ancêtre de la calculette, sur ses textes pendant la période de censure religieuse ou encore sur son histoire attachée à celle de l'abbaye de Port-Royal des Champs. Une section scientifique expose aussi l'expérience du Puy-de-Dôme menée par Blaise Pascal, qui a ainsi pu prouver le principe de pression atmosphérique, en établissant des mesures au sommet du Puy-de-Dôme et sur la place de Jaude.
Mais l'objet favori de Cécile Dupré est conservé précieusement sous verre et témoigne de la partie plus littéraire de Blaise Pascal : "Le manuscrit des Pensées de la Bibliothèque Nationale de France. C'est exceptionnel d'avoir un manuscrit du XVIIe siècle. Evidemment, vous ne voyez qu'une page pour des questions de conservation, mais vous découvrirez pourquoi ce livre est si intrigant." Aussi intrigant que Blaise Pascal, l'homme aux mille vies, dont même les scientifiques, les philosophes ou les conservateurs de musée ne connaissent pas encore tous les secrets : "Oui, c'est un homme qui reste mystérieux pour nous. Parfois, qui peut rester mystérieux quand on l'étudie, peut-être que ça rappelera des souvenirs pas forcément faciles ! Mais le principal mystère, c'est qu'il est mort très jeune, à 39 ans, et qu'il a laissé des oeuvres inachevées. C'est sa soeur, Giberte Pascal, qui a le plus transmis son travail, mais qui a aussi sans doute occulté un certain nombre de choses. L'Histoire, c'est souvent un passage au tamis, un tri qui fait que beaucoup de choses que de ce qu'était Blaise Pascal nous échappe."
L'exposition "Les Mystères de Pascal (1623-1662) est ouverte tous les jours sauf le lundi jusqu'au 15 octobre. Des visites groupées, des workshop et des ateliers reliure ou petit scientifique sont entre autres prévus. Toutes les infos sont à retrouver sur le site du musée d'art Roger-Quilliot.