"C'est un département que je découvre." Joël Mathurin ne connait pas encore très bien le Puy-de-Dôme, mais a rapidement cerné les enjeux du territoire. A 54 ans, il vient d'être nommé nouveau préfet du Puy-de-Dôme, succédant ainsi à Philippe Chopin, parti dans le Maine-et-Loire. Après avoir travaillé pour le ministère de l'Agriculture et de la pêche, il devient sous-préfet de Roanne. Ce n'est qu'en 2016 qu'il sera nommé préfet de la Nièvre, puis du Doubs et du Morbihan, avant d'être directeur de cabinet pour le ministre des Outre-Mer. Désormais en Auvergne, il n'a pas perdu de temps pour désigner les grands dossiers qui vont animer son début de mandat.
Lutte contre le trafic, gestion de l'eau, sécurité routière... les dossiers chauds du nouveau préfet du Puy-de-Dôme Joël Mathurin
Alors qu'il vient tout juste de prendre officiellement ses fonctions, Joël Mathurin, nouveau préfet du Puy-de-Dôme, a fixé des enjeux prioritaires pour le département. Il mise notamment sur un équilibre entre l'urbain et le rural.
La lutte contre le trafic de stupéfiants
C'est une priorité forte pour Joël Mathurin, qui indique suivre les consignes du ministre de l'Intérieur : "J'agirai très fortement sur ce sujet pour ne pas laisser s'installer des systèmes mafieux.". Le nouveau préfet fait notamment référence aux échanges de tirs entendus dans le quartier de la Gauthière à Clermont-Ferrand, ou encore dans le centre-ville de Thiers (63), deux endroits qui sont des plaques tournantes du trafic de drogues. Les points de deal sont notamment connus des autorités, qui sont déjà intervenus plusieurs fois en 2023. Joël Mathurin entend poursuivre le plan d'attaque déjà mis en place sous l'égide de Philippe Chopin.
Par une référence rugbystique, Joël Mathurin déclare que "nous devons jouer en pack" pour endiguer ce fléau. Il a déjà abordé le sujet avec la procureure de la République et le maire de Clermont-Ferrand, et souhaite poursuivre le dialogue avec les maires des communes puydomoises qui sont impactées par ce fléau. Le préfet souhaite que les bailleurs et les services sociaux soient aussi mobilisés pour "qu'il n'y ait pas un millimètre de terrain sans présence de l'action publique. Ce que je ne permettrais pas, c'est qu'il puisse y avoir des espaces de non-droit." Le préfet rencontre d'ailleurs cette semaine les policiers, les gendarmes et les pompiers qui composent selon lui les trois piliers de l'autorité publique.
La sécurité routière
Ce mardi soir, Joël Mathurin était justement de sortie avec la police pour montrer son engagement à leurs côtés, mais aussi pour évoquer un autre sujet de taille : celui de la sécurité routière. Depuis le début de l'année, 32 personnes ont perdu la vie sur les routes puydomoises, soit + 9 tués par rapport à septembre 2022. Et si le Puy-de-Dôme est au-dessus de la moyenne nationale, "ce n'est pas une fatalité" pour le préfet. Il admet que "les chiffres ne sont pas bons", et que cette bataille doit être une priorité.
Le représentant de l'Etat promet "plus de "bleu" sur les routes afin qu'il y ait une prise de conscience". Plus de répression donc, mais aussi plus de prévention dans le département. Joël Mathurin constate une hausse des pratiques à risques vis-à-vis des personnes vulnérables, à savoir les piétons ou les deux-roues. Il espère, dans une logique "d'espérance républicaine", faire évoluer les comportements. Il ira aussi à la rencontre des associations d'usagers de la route, pour les solliciter davantage sur le volet prévention.
La gestion de l'eau
C'est peut-être le dossier le plus urgent dans le Puy-de-Dôme. Après les sécheresses répétées et les fortes canicules estivales, la situation des cours d'eau et des nappes phréatiques est inquiétante dans le département. Attaché aux questions d'agriculture, qu'il a traité pendant plus de 15 ans, Joël Mathurin veut prendre le dossier de la gestion à bras-le-corps. "Le premier dossier dont je vais me saisir", promet-il. Le nouveau préfet, qui veut à la fois maintenir la souveraineté agricole de la France et assurer une sobriété à l'égard de la ressource, entend appliquer une apporche patrimoniale de l'eau. Il veut garantir une gouvernance partagée de l'eau : "Chaque maillon, chaque secteur a sa part à produire. Il faut une intelligence collective du territoire, mais il appartiendra à chacun de faire les efforts".
Dans une logique d'Etat Partenaire, l'intérêt général est le principal enjeu pour lui. "Le préfet doit être un assemblier, un ouvrier du consensus." Cette question de la gestion de l'eau sera sûrement soulevée lors du Sommet de l'élevage du 2 au 6 octobre, premier grand événement auvergnat qu'il visitera.il en profitera aussi pour signifier tout son soutien au monde rural, afin d'éviter "un sentiment de relégation" , vis-à-vis du monde urbain. Un jeu d'équilibre que le nouveau préfet du Puy-de-Dôme entend remporter.