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Auvergne : pourquoi pleut-il quasi quotidiennement depuis plusieurs mois ?

Auvergne : pourquoi pleut-il quasi quotidiennement depuis plusieurs mois ?
En mai, à Clermont-Ferrand, il a plu entre 30% à 40% plus qu'en moyenne © Xavier G. - RVA

C'est un constat sans appel, l'Auvergne est sous l'eau. Depuis le début du mois de mai et l'arrivée du printemps, les averses plus ou moins fortes se sont succédé et se poursuivre en ce mois de juillet. Mais alors comment expliquer cette longue période de pluie ? Réponse avec un météorologiste.

C'est une question qui brûle aux lèvres des Auvergnats : pourquoi pleut-il autant depuis le début du printemps ? Depuis avril, et selon nos relevés, il n'y a pas eu une seule semaine consécutive sans pluie ou averse. Si le printemps est une saison habituée aux extrêmes, la météo que nous vivons est-elle inhabituelle ? La pluie est-elle réellement excédentaire ces derniers mois dans le Puy-de-Dôme ? Nous avons posé nos questions à Alexandre Letort, météorologue et gérant de Météovergne depuis 2007.

Xavier G. - RVA : Ces dernières semaines ont été particulièrement pluvieuses en Auvergne. À quoi est due cette importante pluviométrie ?

Alexandre Letort : C'est vrai qu'à cette saison, on s'attend à avoir un temps de plus en plus beau et de plus en plus chaud. Mais le printemps, c'est souvent la saison de tous les extrêmes et il arrive qu'il soit pluvieux. Ces dernières semaines, on a des gouttes froides, de l'air froid en altitude et qui vont favoriser de l'instabilité avec des averses et des orages.

Pourquoi ça se produit ? Au printemps, il y a de l'air chaud qui veut monter dans l'atmosphère, là où il y a encore de l'air froid. Donc les deux sont en conflit et il arrive que cela forme des gouttes froides.

 

X.G - RVA : Est-ce que c'est anormal par rapport à d'autres années ?

A.L : Ce n'est pas anormal, mais c'est excédent en termes de précipitations. On est au-dessus des normales de saison. Après, il ne faut pas oublier qu'en Limagne, les mois de mai et juin, ce sont les mois où statistiquement, il pleut le plus. Ce sont souvent des cumuls importants sur des courtes périodes même si là, cela tend à durer. Il n'y a pas de caractère exceptionnel. Ce qui peut l'être, c'est de voir depuis mi-octobre, en montagne, des cumuls extrêmement abondants en automne et en hiver. Donc c'est plus cette durée-là qui est exceptionnelle.

Mais si on se réfère aux températures, d'un point de vue climatologique, on se rend compte que mai puis juin, sont très proches des moyennes climatiques qu'on devrait avoir. On l'a oublié parce qu'on a enchaîné des printemps et des étés chauds. Mais d'un point de vue thermique, on est dans la normale.

"Ce qui participe au ressenti pourri, c'est aussi le manque d'ensoleillement."
Alexandre Letort, météorologue

Une pluviométrie excédentaire qui s'ajoute au manque de soleil et des températures normales... ça nous fait ressentir ce côté-là.

 

X.G - RVA : Quels sont les relevés pluviométriques des derniers mois ?

"À Clermont-Ferrand, en mai, environ 400 mm de pluie qui sont tombés. Donc c'est à peu près 30% à 40% au-dessus de la moyenne. En montagne aussi, on a relevé des chiffres supérieurs à la moyenne."
Alexandre Letort, météorologue

 

X.G - RVA : Avec le dérèglement climatique en cours, est-ce que ces longues périodes de pluie sont amenées à être récurrentes ?

A.L : C'est là où il faut oublier son ressenti. Comme je l'ai dit, sur ces deux derniers mois, on a une pluviométrie excédentaire et des températures très proches de la moyenne. Avant, dès que la pluie était excédentaire, on avait des températures en dessous des moyennes saisonnières. Aujourd'hui, ce n'est plus trop le cas et cela montre l'évolution que l'on prend. Et il faut regarder au niveau mondial où les températures se réchauffent. Comme on vit dans un monde plus chaud, plus l'air est chaud, plus la quantité de vapeur d'eau augmente. Cette vapeur d'eau va former les nuages et donc donner des précipitations.

On tend donc à avoir des précipitations plus intenses. Par exemple, 10 mm qui pouvaient tomber en 15 minutes avant, vont plus facilement tomber en cinq minutes aujourd'hui. Avec le réchauffement, l'anticyclone qui nous protège et apporte un temps chaud et sec, tend à remonter vers chez nous. Donc en résumé : on augmente le potentiel de pluie, on augmente les périodes de temps chaud et sec. Ça paraît paradoxal, mais on a de faite des longues périodes de temps sec et par moments des déluges.

Ce qui est compliqué à gérer à l'avenir, c'est d'avoir des extrêmes comme ça. On quitte, petit à petit, notre climat tempéré. Et les extrêmes tendent à devenir la norme.

 

X.G - RVA : Quelles sont les conséquences de cette pluie excédentaire ?

A.L : Alors, je pense que les premiers concernés, ce sont les agriculteurs. On a vu que c'était compliqué pour certains semis avec des terrains gorgés d'eau. Ce sont des conséquences directes et concrètes sur le territoire.

D'un point de vue plus positif, on a des montagnes verdoyantes et ça change des printemps plus secs où ce n'est pas très beau à voir.