Espinasse-Vozelle (03) : le procureur de la République détaille la soirée d'horreur vécue par les victimes

Espinasse-Vozelle (03) : le procureur de la République détaille la soirée d'horreur vécue par les victimes
Espinasse-Vozelle - Capture Google Street View

Deux jours après la fusillade d'Espinasse-Vozelle (Allier), qui a fait trois victimes et mené au suicide de l'assaillant, le procureur de la République de Cusset revient sur les derniers éléments de l'enquête.

Au tribunal judiciaire de Cusset, deux jours après la fusillade d'Espinasse-Vozelle qui a fait quatre morts, dont l'assaillant, le procureur de la République, Éric Neveu, a donné les derniers éléments de l'enquête. En préambule, celui-ci a adressé "son soutien aux familles et proches des victimes qui traversent une épreuve tragique".

Le procureur de la République a ensuite détaillé la soirée du samedi soir, le profil du tueur et la perquisition de son domicile. Pour l'instant, les raisons de son passage à l'acte ne sont pas connues. Des interrogatoires sont toujours en cours, tout comme l'exploitation d'images de vidéosurveillance sur la propriété de l'assaillant.
 

Que s'est-il passé ce samedi 13 juillet ?

Samedi 13 juillet, un jeune homme âgé de 20 ans, le jour même, domicilié rue du Moulins-des-Gots à Espinasse-Vozelle, fêtait son anniversaire. Plusieurs membres de sa famille et des amis étaient présents depuis le déjeuner. Au total, ce sont une vingtaine de personnes qui se sont regroupées pour l'apéritif dinatoire.

Vers 19 h 30, un ami du jeune homme arrive au domicile en motocross, vêtu d'un masque de la série La Casa de Papel. Un peu plus tard, ils vont faire un tour en motocross en passant devant le domicile d'un voisin, à 500 mètres de la fête d'anniversaire.

Arrivés devant la maison de ce voisin irascible, les deux jeunes semblent entendre des cris et des insultes provenant de l'intérieur. Les deux amis retournent sur les lieux de l'anniversaire, déposent la moto et préviennent leurs familles pour aller aider une femme paraissant en danger. Avec deux autres jeunes, dont un mineur, et deux pères de famille, ils décident de revenir à pied vers la maison de leur voisin. À ce moment-là, la gendarmerie n'a pas encore été prévenue de cet évènement.

Postés devant le portail, les quatre jeunes voient leur voisin sortir de la maison avec un fusil à pompe et tirer au moins à quatre reprises dans leur direction. Les premiers coups de feu ont été entendus vers 21 h 10. Entendant les tirs, les participants restés à la fête d'anniversaire se rapprochent. À 21 h 12, un premier appel est reçu par la gendarmerie de l'Allier de la part d'une victime.

Voyant d'autres personnes arriver vers son domicile, le tireur ouvre le feu à de multiples reprises. Les personnes visées ont alors pris la fuite dans différentes directions. Le jeune garçon de 20 ans est d'abord blessé aux jambes puis touché par un tir mortel. Remontant le chemin, le tireur s'approche du domicile où se déroule la fête. C'est là qu'il tue le père du jeune garçon puis son parrain dans un champ de blé.

L'homme armé a ensuite fait feu sur une voiture où certains participants à l'anniversaire se cachent, plusieurs sont blessés. L'assaillant tire également en direction de la maison où les convives de la fête se sont confinés.

Le tireur est finalement retrouvé décédé à l'extérieur de la propriété, derrière la haie. L'autopsie confirme que celui-ci s'est donné la mort en retournant l'arme contre lui. Dans sa course folle, le meurtrier aura donc tué trois personnes : le jeune homme de 20 ans, son père âgé de 53 ans et le parrain de 54 ans. Quatre autres personnes ont été blessées par balle et ont été pris en charge à l'hôpital de Vichy. Leur pronostic vital n'est pas engagé.
 

Le profil de l'assaillant

L'auteur des faits, un homme de 57 ans, est un ancien militaire de l'armée de l'air, surveillant aérien, ayant servi dans trois bases aériennes entre 1991 à 2003, année de son départ à la retraite. Il n'a jamais servi en unité de combat, ni en tant que commando, ni en tant que tireur d'élite. Depuis, il exerçait la profession de serrurier. Le quinquagénaire est décrit comme sauvage, isolé et asocial. Celui-ci est natif du bassin vichyssois, il vivait seul à son domicile après une séparation.

Il ne pratiquait plus ni le tir sportif au club d'Espinasse-Vozelle, ni la chasse. Il n'était pas connu pour avoir des problèmes de voisinage par les forces de l'ordre.
 

La perquisition du domicile du tireur

Lors de la perquisition du domicile du tireur, un important dispositif de vidéosurveillance a été découvert. Plusieurs armes à feu, cinq armes d'épaule, 450 munitions de calibre 12 et plusieurs dizaines de munitions 22 Long Rifle. Plusieurs impacts de balles ont été repérés sur la boîte aux lettres de la propriété, démontrant des tirs de l'intérieur vers l'extérieur de la maison. Aucune présence féminine n'a été mis en évidence, ni des traces de lutte. Le téléviseur du salon était allumé, le volume sonore très élevé, affichant le jeu vidéo Call of Duty. Les cris entendus par les jeunes garçons lors de leur passage en motocross, ont pu provenir de ce jeu vidéo.
 

La suite de l'enquête

La Section de recherches de la gendarmerie de Clermont-Ferrand et la Brigade de recherche de Vichy poursuivent leurs investigations sur place. Le corps du tireur va faire l'objet d'analyses toxicologiques et anatomo-pathologiques dans les prochains jours. Les autopsies des victimes vont prendre plus de temps, plusieurs semaines.

Les enquêteurs vont également devoir exploiter les images de vidéosurveillance du domicile de l'assaillant pour remonter le fil de la soirée. Si les témoins ont déjà permis de dresser un déroulé de ce samedi soir, le choc émotionnel a pu altérer leurs souvenirs, bien que récents. Les caméras pourraient donc confirmer ou compléter leurs témoignages.