C'est un mail tout ce qui a de plus classique qui ne passe pas auprès des étudiants. À l'approche des sessions d'examen, l'Université Clermont Auvergne a envoyé les convocations aux étudiants qui passent leurs partiels en janvier 2025. Outre le fait d'emmener des montres non connectées, l'UCA suggère aux étudiants d'emmener des "couvertures en cas de froid".
Contactée, l'Université Clermont Auvergne se veut rassurante face à la polémique :
Cela partait d'une démarche bienveillante [d'emmener des couvertures]. Je vous confirme que nos bâtiments sont actuellement chauffés. On n'est pas du tout dans une situation où l'on fait des économies en reniant sur le chauffage. Il n'y a pas de situation de détresse à l'UCA par rapport à d'autres années. Les bâtiments ne sont pas plus des passoires qu'il y a 10, 15 ou 30 ans. Mais on le sait, toutes les universités ont un parc urbain à rénover.
"Des partiels sous 11 degrés"
C'est d'abord l'Union Étudiante Auvergne qui a directement publié le courriel sur ses réseaux sociaux. Celui-ci, envoyé ce mercredi 20 novembre, enjoint les étudiants à "penser à emmener des montres ou appareils connectés ainsi que [des] couvertures en cas de froid".
Si la phrase apparaît comme un conseil, certains étudiants ne le voient pas de la même manière. Surtout que ce n'est pas la première fois qu'il est demandé aux élèves de venir avec des vêtements chauds d'après l'UEA:
En 2022, pendant la crise énergétique, ça pouvait s'entendre. Les universités n'étaient pas prêtes à l'inflation. Là, on est deux ans plus tard, c'est inadmissible. Sur les sites de Carnot ou de Gergovia, il y a des étages où les fenêtres ne ferment plus.
Quand les salles sont surchargées, vous arrivez à vous tenir chaud. Mais quand les températures sont négatives à l'extérieur, il fait entre 13 et 15 degrés dans les salles. Certains partiels se sont déroulés sous 11 degrés l'an dernier.
Loïc, membre de l'Union Étudiante Auvergne
Au-delà de la polémique des "couvertures", le syndicat étudiant dénonce le manque de moyens accordés par l'État aux universités pour accueillir étudiants et personnels dans des conditions décentes. L'UCA répond sur ce point que "les investissements sont là mais qu'ils sont très longs à mettre en place".
"L'université s'effondre"
L'UEA appelle à la rénovation des infrastructures en dénonçant depuis plusieurs mois leur vétusté. Un appel aux élus auvergnats a été passé et il a bien été entendu. La députée du Puy-de-Dôme, Marianne Maximi (LFI/NUPES), n'a pas tardé à réagir à la situation.
Après la hausse des frais d'inscription, le manque d'argent pour se nourrir et se loger, les étudiant•es doivent prévoir un budget couverture aux examens.
— Marianne Maximi (@MarianneMaximi) November 20, 2024
L'Université s'effondre faute de moyens.
Redonnons à la jeunesse la possibilité d'étudier dans de dignes conditions ! https://t.co/onFSC7DCrl
Il y a quelques jours, Cyril Triolaire, maître de conférences à l'Université Clermont Auvergne, dénonçait les conditions de travail pour mener ses cours. On peut y voir des escaliers noircis et mal entretenus. Dans son message posté sur le réseau social X (ex-Twitter), il assure qu'il faisait "17 degrés en amphi".
#mafaccraque
— Cyril Triolaire (@CTriolaire) November 12, 2024
Déprogrammation de dépenses, interdiction de nouvelles, ménage non effectué, 17°C en amphi. @UCAuvergne en déficit & budget de l'ESR en berne ✖️
L'État tue l'université à petits feux. Jusqu'à quand @patrickhetzel ?
On compte sur vous @ArSaint_Martin @OuzouliasP✊️ pic.twitter.com/fvAsO3Tfac