Rencontre avec Michel Ocelot, créateur de Kirikou et invité star du festival Animade in France

Rencontre avec Michel Ocelot, créateur de Kirikou et invité star du festival Animade in France
Michel Ocelot, 84 ans, travaille sur un nouveau projet inédit © Jean-Luc Mege

Le réalisateur Michel Ocelot sera présent à Clermont-Ferrand pour présenter sa filmographie lors du festival Animade in France. "Kirikou", "Azur & Asmar" ou encore "Princes & Princesses"... Entretien avec le cinéaste qui a bercé notre enfance.

Le cinéma d'animation français s'invite le temps d'une semaine à Clermont-Ferrand. Du 7 au 14 mars, le festival Animade in France proposera des projections et des rencontre autour de films, dessins-animé et court-métrage culte. Parmi les temps fort de cette seconde édition, un invité de marque sera présent en Auvergne : Michel Ocelot. Le créateur de "Kirikou et la Sorcière", "Azur et Asmar", "Dilili à Paris" ou encore "Princes & Princesses" va présenter plusieurs de ses films lors de séances aux cinémas CGR du centre clermontois.

Le réalisateur proposera également une rencontre-conférence le samedi 8 mars à 14 heures (Salle Georges Conchon). L'entrée est à prix libre et il est conseillé de réserver sa place pour être sûr de pouvoir assister à la rencontre.

En marge de sa venue à Clermont-Ferrand, nous avons pu nous entretenir avec le réalisateur de 84 ans. Rencontre avec Michel Ocelot, pionnier du cinéma d'animation français.

Xavier GRUMEAU - RVA : Bonjour Michel Ocelot, merci beaucoup d'être avec nous sur RVA

Michel OCELOT : Bonjour Xavier, merci à vous pour l'invitation.

 

X.G - RVA : Vous serez donc à Clermont-Ferrand à partir de demain, vendredi 7 mars, et jusqu'à dimanche pour présenter quatre de vos films lors du festival Animade in France. Il s'agit de l'un des premiers festivals entièrement consacrés aux création française. Est-ce qu'après toutes ses années, on ne se dit pas : "Enfin, un festival qui reconnait l'animation française" ?

M.O. : Il y a des films merveilleux qui sont faits en France, en long comme en court métrage. Donc, il faut les montrer.

 

X.G - RVA : Selon vous, qu'est-ce qui fait la particularité de l'animation française ?

M.O. : Je dirai que l'animation française a une tradition de dessins et de recherche artistique. Il y a de plus en plus d'écoles d'animation et tous les animateurs sont très doués. Pendant un temps, ils étaient systématiquement importés par les Américains pour travailler en Californie. Certains étaient même engagés avant leur diplôme. On est très bon en France pour faire de l'animation et surtout pour faire des longs-métrages.

"On est passé d'une galaxie à une autre"

 

X.G - RVA : Est-ce qu'on peut dire qu'il y a un avant et un après le succès de "Kirikou et la Sorcière" ?

M.O. : On est passé d'une galaxie à une autre. Avant Kirikou, il y avait très peu de film d'animation en France en dehors du film "Le Roi et l'Oiseau". Mais sinon, le public n'était pas atteint. Kirikou a permis d'atteindre ce public. Et un an après la sortie, au lieu du vide sidéral, plusieurs longs-métrage d'animation était en production. Et aujourd'hui, l'animation est devenue une activité et métier viable, ce qui n'était pas le cas quand j'ai commencé.

 

X.G - RVA : Est-ce qu'il y a de plus en plus moyens en France aussi ?

M.O. : Je ne suis pas sûr (rire). Les banquiers ont tendance à oublier que nous sommes bons dans ce domaine. C'est difficile de trouver des financements. Les gens sont souvent étonnés d'apprendre que j'ai du mal à faire financer mes films, mais je continue sans frémir, ni ralentir.

"Les gens sont étonnés quand je leur dis que c'est difficile de trouver des financements"

 

X.G - RVA : Vous êtes sur un nouveau projet en ce moment ?

M.O. : Je suis en train de faire un film qui sera diffusé dans les planétarium et pour des casques de réalité virtuel. Un film où l'on voit partout. 

 

X.G - RVA : Vous serez donc à la rencontre de votre public ce week-end, notamment lors d'un échange ce samedi. C'est important pour vous d'aller à la rencontre des spectateurs ?

M.O. : Oui, c'est un de mes grands plaisirs. Je vois aussi avec une immense satisfaction que je parle à tous les âges. Les personnes qui viennent regarder mes films sont très mélangées, du petit enfant à la vieille grand-mère.

 

X.G - RVA : Vous vous rendez compte que vous avez participé à l'imaginaire collectif avec vos personnages ?

M.O. : C'est une chose que je n'avais pas prévue. J'avais prévu du succès, mais là, c'est un peu plus. Kirikou est rentré dans les mœurs et les foyers. "Azur & Asmar" a aussi parlé à beaucoup de gens. Les jeunes adultes ont toujours envie de me rencontrer parce qu'ils n'ont pas oublié qu'il y a des gens derrières les films. Ils n'ont pas oublié. Dans mon cas, on sait que j'existe.

"Kirikou est rentré dans les mœurs et les foyers"

 

X.G - RVA : Aujourd'hui, l'animation ce n'est plus uniquement pour les enfants. Il y a aussi une ouverture pour les adultes.

M.O. : Il y a des films d'animation pour un public qui n'est pas enfantin. Les animateurs japonais y sont très bien arrivés depuis des années. Il y a des spécialisation pour chaque public et ça marche très bien. En occident, ça vient, mais nous ne sommes pas aussi libérés que la bande-dessiné par exemple. La BD n'est plus un art exclusivement pour les enfants aujourd'hui. On n'est pas encore arrivé à ce stade-là. Mais pour mes films, je n'ai jamais pensé à un public particulier.

 

X.G - RVA : Surtout qu'à l'époque, la sortie de Kirikou avait aussi été discuté. Le film était en avance sur beaucoup de thématique.

M.O. : À l'époque, on me disait : "Ça ne marchera jamais, c'est un mauvais sujet". J'avais des choses évidentes à dire et finalement tout le monde a compris ce que je disais. 

 

"À l'époque, on me disait : "Ça ne marchera jamais, c'est un mauvais sujet""

 

X.G - RVA : Est-ce qu'il y a des films qui vous ont marqué ces dernières années dans l'animation française ?

M.O. : Persepolis de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud. C'est très fort, une fille qui vie, une Iranienne qui vit tout. Et tout ça de manière simple. J'aime beaucoup aussi Josep, un film dit disais des choses vraies à base de dessins.

 

X.G - RVA : Vous connaissez un peu Clermont-Ferrand et l'Auvergne ?

M.O. : Oui, j'ai une sœur qui a été conservatrice de bibliothèque pendant quelques années. Je venais donc la voir pour marcher en montagne. Quand j'ai réalisé un film d'après Henri Pourrat, je suis retourné en Auvergne à différentes saisons pour me renseigner sur la région.

X.GRUMEAU