Cette semaine, nous avons consacré plusieurs reportages à la vie de Cournon-d'Auvergne (Puy-de-Dôme) pendant les travaux. Après avoir évoqué la difficulté et le départ de certains commerçants, puis la vie solidaire entre les riverains du centre-ville, nous donnons la parole à la municipalité.
Philippe Maitrias, adjoint à la ville de Cournon-d'Auvergne en charge de l'aménagement du territoire et de l'urbanisme, répond à nos questions. Nous évoquons avec lui le temps des travaux, le soutien apporté aux commerçants, les indemnisations, la future fête inaugurale et l'avenir du cœur de ville Cournonnais.
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X.GRUMEAU - RVA : Avant d'évoquer la situation des commerçants, revenons sur le chantier qui est en cours dans le centre-ville. Concrètement, à quoi va servir ce chantier ?
Philippe Maitrias : Actuellement, la ville a fait le choix de réaménager le cœur de ville qui est rattaché au vieux bourg. Ce sont des travaux importants, car le but est de créer un lieu de centralité tourné autour du commerce et du transport public. La place est destinée à devenir une place active 24h/24, alors que c'était autrefois un parking.
"Il va y avoir des jardins, des pistes cyclables et un lieu de vie autour des commerces."
RVA : Les travaux ont été engagés en même temps que le projet Inspire de la métropole Clermontoise pour faire d'une pierre deux coups ?
P.M : C'est un projet qui existe depuis une dizaine d'années avec des études de faisabilité. Là, on arrive au point de la phase de réalisation qui est en concomitance avec les travaux Inspire. Ça fait beaucoup de travaux en même temps, mais cela permet de les faire plus rapidement. Mais c'était important de le réaliser en même temps pour créer un lieu d'intermodalité avec les transports en public.
RVA : En amont et durant les travaux, certains commerçants ont fait le choix de partir du centre-ville. Comment cela s'est déroulé ?
P.M : Il y a des commerçants qui ne sont plus là : le photographe, l'auto-école et d'autres. Ce sont des commerces qui faisaient partie d'un protocole destiné à la reconstruction du quartier. Nous avons donc laissé le choix aux commerçants : soit un transfert d'activité, avec le soutien de la commune, comme c'est le cas avec le photographe qui a saisi l'opportunité de se déplacer et de devenir propriétaire. Soit de préférer l'extinction de l'activité comme l'auto-école, l'un des bars de la place et d'autres. Ils ont alors choisi d'avoir des indemnités.
Concernant la fermeture de la pizzeria Benfica, où il se dit beaucoup de choses. Les propriétaires travaillaient avec nous depuis plusieurs années sur leur transfert d'activité. Cela devait se faire en deux temps, avec un premier lieu, qui leur convenait, dans un local municipal où nous avons fait des travaux pour les accueillir. Puis, ils devaient atterrir à l'autre bout de la place, dans un bâtiment porté par un promoteur, en rez-de-chaussée, dans une surface commerciale. Mais fin 2024, ils ont changé de position en demandant à la commune de procéder à une extinction de leur activité. Ce sont eux, de leur initiative, qui ont demandé l'arrêt de leur activité malgré notre accompagnement. Ils ont donc obtenu les indemnités prévues.
Mais certains sont toujours présents comme La Poste, le salon de coiffure, le bureau de tabac, la pharmacie... Encre 63 a déménagé un peu avant le début des travaux. La perspective des travaux a sans doute anticipé son départ, car la route était encore ouverte lors de son déménagement.
On est bien conscient que c'est compliqué pour tous les commerces. On espère que lorsque la place sera rendue à tout le monde, les commerces retrouveront leurs activités. Voir d'aller mieux avec l'arrivée du bus qui pourrait amener encore plus de monde.
"Le commerce va survivre et sera encore plus florissant à Cournon"
RVA : Donc là, on dit au commerçant "tenez bon, il ne reste que quelques mois avant la fin des travaux" ?
P.M : Oui, même si on est conscient que ce ne sont pas les meilleures conditions pour travailler au milieu des travaux. On a donc mis une commission d'indemnisation pour essayer de les accompagner au mieux. En cas de perte de chiffre d'affaires liée aux travaux, ça fait partie des coûts du projet pour aider les commerçants et passer ce mauvais moment. On est convaincu que le cœur de ville va fonctionner avec du transport public, des habitants, de l'activité tertiaire (professionnel de santé...) et les commerces. On essaie aussi de trouver des commerces différents pour attirer des clients. En ce moment, on cherche à implanter un projet de brasserie ou de restaurant pour avoir un flux de clientèle.
RVA : Du côté des habitants, ce n'est pas tous les jours facile aussi, notamment les plus âgés qui ont beaucoup de mal à marcher. Quelles solutions peut-on leur apporter en attendant la fin des travaux ?
P.M : C'est difficile parce qu'il n'y a pas de réponse miracle. Le problème, c'est que même si on demande aux entreprises de garder des accès piétons, des chemins de circulation vers les commerces, etc... C'est rarement compatible, sans même parler de l'accès pour handicapés, le bruit et la poussière n'aide personne. À part avoir des mots de soutien et de rassurer sur le résultat final qui commence à se voir. On le voit d'ailleurs déjà avec les premiers arbres qui ont été plantés, les aménagements sur la route. Aujourd'hui, on fait confiance au temps avec des travaux qui seront rendus à l'heure.
RVA : Les travaux seront donc terminé d'ici à la rentrée de septembre ? C'est certain ?
P.M : De toute manière, on donne rendez-vous à tous les Cournonnais le 30 août prochain pour l'inauguration. Ce sera une grande fête populaire, donc il faut que ça soit terminé. Et à partir de là, l'espace public sera rendu aux riverains et aux commerçants. Et suite, on attend avec impatience le nouveau tram-bus qui va irriguer la ville et donner une nouvelle dimension à Cournon d'Auvergne.
RVA : D'autres travaux sont également prévus après ce chantier. En quoi vont-ils consister ?
P.M : Ce sont des travaux en arrière-boutique. La place fonctionnera et la construction des futurs bâtiments n'auront pas d'impact sur l'espace public. À l'horizon 2027, on fait le pari que ça amènera plus d'habitants avec 80 logements supplémentaires. Donc potentiellement des clients qui auront des commerces de proximité au pied de leur immeuble. Donc ça va devenir un vrai lieu de centralité qui ramènera plus de clients.
RVA : Un dernier mot pour les Cournonnais et Cournonnaises ?
P.M : Je les appelle à être courageux parce que ce projet va complètement transformer l'espace public. Ça va marquer une nouvelle étape dans la construction de la ville. On a déjà construit beaucoup d'équipements : sportif, culture, d'animation... Aujourd'hui, ça passe par les transports public et la vie de la ville. Où l'on va passer d'un parking à une place avec de la végétalisation et des parcs. Et dans quelques années, je pense qu'on aura eu raison d'avoir transformé notre cœur de ville.
Retrouvez nos trois reportages sur la vie à Cournon d'Auvergne pendant les travaux sur la page dédiée.
